Qu’est-ce que le Syndrome d’Angelman ?

Synthèse du PNDS*

Le syndrome d’Angelman (SA) est une maladie neurodéveloppementale d’origine génétique caractérisée par un déficit intellectuel sévère avec une limitation du langage, voire une absence de communication verbale expressive, des particularités morphologiques, un comportement en apparence joyeux très évocateur, des troubles de la marche et de l’équilibre.

Les enfants atteints du syndrome d’Angelman ont une apparence normale à la naissance.
Des difficultés alimentaires et une hypotonie peuvent apparaître dans les premiers mois de vie,
suivies d’un retard du développement manifeste entre 6 mois et 2 ans.

Sur le site de l’AFSA https://www.angelman-afsa.org/, vous trouverez des articles et des documents précis et utiles pour présenter le syndrôme d’Angelman et comment accompagner au quotidien ces personnes, leur familles et les personnes qui les entourent.

Sur le site de FAST France https://www.fastfrance.org/, vous trouverez de plus amples informations sur la recherche scientifique et les progrès immenses qui sont en cours à travers le monde.

Protocole National de Diagnostic et de Soins de la Haute Autorité de Santé – HAS

A quoi est-il dû?

Le syndrome d’Angelman est dû à une anomalie génétique, c’est-à-dire à l’altération (mutation) ou à l’absence (délétion) d’un (ou de plusieurs) gène(s), localisés sur le chromosome 15, dans une région appelée 15q11-q13. Les gènes sont des morceaux d’ADN (la substance qui constitue les chromosomes) qui équivalent à des « codes » donnant les instructions pour produire les protéines.

Les protéines ont des fonctions très variées : elles contribuent au fonctionnement normal de chaque cellule, et plus globalement, de l’organisme.

Un individu possède deux exemplaires de chaque gène, l’un situé sur le chromosome hérité de son père, l’autre sur le chromosome hérité de sa mère. Le plus souvent, les deux exemplaires permettent la production de protéines (ils sont fonctionnels, on dit qu’ils « s’expriment »). Mais, pour certains gènes, il arrive que seul l’un des deux exemplaires, selon qu’il vient du père ou de la mère, soit « autorisé » à être fonctionnel, l’autre reste « silencieux » (l’exemplaire de ce gène ne permet pas la production de protéine). Cette régulation s’appelle « l’empreinte parentale ». Elle est due à des marques (méthylation de l’ADN) qui rendent le gène « silencieux » et qui sont présentes uniquement sur l’un des deux exemplaires du gène (ou d’une région proche du gène) car elles sont héritées d’un seul parent.

Ainsi, dans le cerveau, la région 15q11-q13 du chromosome 15 est soumise à ce phénomène d’empreinte parentale et, pour certains gènes de cette région, seul l’exemplaire hérité de la mère est autorisé à être fonctionnel, l’exemplaire hérité du père reste, lui, silencieux (empreinte paternelle). Cette région du chromosome 15 contient le gène UBE3A qui est impliqué dans le syndrome d’Angelman.

Chez une personne atteinte du syndrome d’Angelman, il s’avère que l’exemplaire d’origine maternelle de ces gènes est également silencieux. Plusieurs mécanismes peuvent être à l’origine de ce phénomène :

  • dans 70 cas sur 100, il s’agit de la perte (délétion) plus ou moins grande d’une partie de la région 15q11-q13 du chromosome d’origine maternelle ; le gène UBE3A d’origine maternelle est donc absent.
  • dans 10 à 15 cas sur 100, il s’agit d’un défaut (mutation ponctuelle) de l’exemplaire d’origine maternelle du gène UBE3A, ce qui le rend « silencieux » comme l’exemplaire d’origine paternelle.
  • dans 5 cas sur 100, la personne a hérité de deux chromosomes 15 de son père et d’aucun de sa mère : la personne possède alors deux gènes UBE3A d’origine paternelle qui sont tous les deux muets. On appelle ces cas des « disomies uniparentales d’origine paternelle ».
  • dans 5 cas sur 100, il s’agit d’une anomalie, présente sur le chromosome maternel, qui n’affecte pas directement le gène UBE3A mais qui le rend « silencieux » en y plaçant des marques (méthylation), comme sur le gène d’origine paternel : on parle d’anomalies de l’empreinte génomique
  • Enfin, dans 5 à 10 cas sur 100, aucune anomalie ne peut être mise en évidence avec les techniques disponibles à ce jour.  

Extrait de Orphanet

Les symptômes

La symptomatologie typique se développe habituellement après l’âge d’1 an : retard psycho-moteur manifeste, absence de développement du langage, éclats de rires facilement provoqués, parfois inattendus avec battements des mains, ralentissement de la croissance du périmètre crânien, particularités morphologiques faciales (macrostomie, macroglossie, petites dents écartées). L’évolution se fait vers un trouble sévère du développement intellectuel, associé à des troubles moteurs variables (marche tardive, instable, mouvements maladroits), ayant amené par le passé à la dénomination du « syndrome du pantin joyeux ».

L’épilepsie est fréquente, parfois difficile à dépister (« état de mal » et/ou absences) avec un aspect électroencéphalographique (EEG) souvent évocateur (activité delta triphasique à prédominance frontale de grande amplitude).

Les autres signes décrits sont un comportement apparemment joyeux, sociable, une hyperactivité sans agressivité, une attention réduite, une hyperexcitabilité, des troubles du sommeil, une hypersensibilité à la chaleur, ainsi qu’une attraction et une fascination pour l’eau. Une hypopigmentation cutanée, irienne et choroïdienne est fréquente dans les cas associés à une délétion de la région 15q11.2.

Les complications médico-chirurgicales sont principalement orthopédiques, avec l’apparition fréquente d’une scoliose et de troubles locomoteurs.

Les crises épileptiques persistent souvent à l’âge adulte alors qu’il semble que l’hyperactivité, les troubles de l’attention et les problèmes de sommeil aient tendance à s’améliorer. Les troubles du comportement, notamment l’anxiété, les difficultés à gérer les changements et les frustrations peuvent se majorer à l’âge adulte.

Les capacités sont variables d’une personne à l’autre, avec des progrès constants. Un accompagnement adapté est nécessaire tout au long de la vie.

Extrait du PNDS